Pages

dimanche 6 mars 2016

I'm coming home


C'était en ce petit matin du jour de la Résurrection, je me suis rendu à la prison de Tours pour célébrer la messe avec les détenus. J’y suis allé avec cette même appréhension qui animait Moïse quand il s’est approché du buisson ardent (Ex 3). Impression de fouler une terre sacrée. Terre de la fragilité, des plaies ouvertes de l’humanité. Dieu dit « j’ai entendu les souffrances de mon peuple… Va je t’envoie ». Que veux tu leur dire Seigneur ? C’était ma question tout au long de cette semaine. Tu me fais « l’ambassadeur du Christ » qui lance cet « appel » : Laissez-vous réconcilier avec Dieu (2 Co 5). Quel humble serviteur ambassadeur je suis ! je suis un homme pécheur, autant que ces hommes que je vais rencontrer (Is 6). Ce matin l’Evangile est celui des paraboles de la Miséricorde. Avec le Père et ses deux fils. 
« Ce matin je voudrais avec vous « déchirer mon cœur » (Joël 2,13) pour vous laissez entrevoir ce qui m’anime au plus profond de moi-même (…) Je pense à ce fils cadet qui a voulu voir le monde… voler de ses propres ailes… il s’est laissé entrainer dans la misère ; le voici abusé, il perd pied… Voici que loin de son Père, il se souvient de ce lieu merveilleux qui était la maison de son Père. Home, sweet home !  Il avait été un enfant gâté et il a tout gâché. C’est dans ces moments de détresse que souvent Dieu se révèle à nous.
C’est dans ces moments de détresse et de grande misère que Dieu vient jusqu’à nous... Comme ce Père… ce vieux père qui est presque aveugle à force d’avoir pleuré toutes les larmes de son corps… à force d’avoir attendu que son fils, son fils bien-aimé revienne. Son cœur de Père est saisi de compassion quand il le voit revenir. Et voilà ce vieux père qui court à sa rencontre… il le serre dans ses bras… ses larmes se mêlent aux larmes de son fils retrouvé. Ce fils c’est moi… moi qui entends dire « tu es mon fils bien-aimé… tu es vivant, je t’attendais… depuis toujours. » Je sens les bras du Père et de la Mère qui m’entourent ; ses mains qui caressent mon visage et qui sèchent mes larmes. Ce père qui me couvre de baisers, ce Père qui a le cœur d’une mère ; le cœur d’une maman parce qu’il est le Dieu miséricordieux (rahamim).
Ce matin, c’est ce Dieu miséricordieux que je veux vous annoncer. Dieu n’est pas d’abord justice mais miséricordieux, tendre et compatissant. Je veux vous annoncer cette joie de Dieu : le joie de nous réconcilier avec lui. C’est gratuit !  Sa seule grâce ! La seule condition pour nous est de se laisser saisir dans notre vulnérabilité, saisir cette « corde » qu’il nous envoie dans notre misère.
Ce matin, je me fais le porte-parole de Dieu : « laissez vous réconciliez avec Dieu ; laissez Dieu vous réconcilier avec vous-mêmes et votre passé… »

Tout le temps du Carême est ce temps pour nous préparer à ce grand mystère de notre foi le mystère pascal : la mort et la résurrection de Jésus… Dans sa Passion pour nous, Dieu ne s’est pas contenté de nous attendre. Il est aussi venu nous chercher pour nous faire revenir à la maison. Par sa résurrection il nous ouvre les portes du Paradis, le « chez nous » avec Dieu le Père.   I’m coming home.

Petit clin Dieu, en face de la prison, il y a une rue qui porte le nom de "rue de l'Espérance"
Jr 29 : "Dieu a pour nous un avenir, une espérance"...
Père Jean-Emmanuel

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire